La BIO, c'est du pipeau
20/06/19 Coup de gueule bio
Vous dites que vous êtes "en bio", mais l'eau de pluie, elle est bio elle, peut-être? Alors, hein, "votre" bio, c'est du pipeau... Vous nous prenez pour des cons... Et gnagnagnâ".
Mais pourquoi autant d'agressivité envers des agriculteurs qui essaient de moins polluer?
Il est vrai qu'à force d'entendre le mot "BIO" au quotidien, on peut ressentir de l'énervement. D'ailleurs, moi aussi ça m'énerve. Alors face à l'agacement, à l'animosité, aux préjugés, rien ne vaut une petite explication, histoire de parler calmement de toutes ces idées reçues et bien tenaces.
Alors, on respire un bon coup, et on y va...
Tout d'abord, il est impératif de savoir que même si un produit bio est incontestablement meilleur pour la santé, il n'est pas un produit d'une pureté de cristal. Si certains le prétendent, ils se trompent, ou bien ils mentent, car malheureusement, nous le savons bien, la pollution est dans l'air, dans l'eau, et aussi dans le sol.
En agriculture biologique, nous n'employons aucune substance chimique de synthèse, et nous veillons à respecter au maximum l'environnement. On trouve en moyenne 200 fois moins de résidus de pesticides dans un produit bio (français) que dans un produit conventionnel (français aussi)... pas si mal, non?
L'explication réside dans le fait qu'une plante traitée en conventionnel est pulvérisée "à bout portant" avec des produits le plus souvent systémiques (pénétrants au coeur du végétal, puis véhiculés par la sève).
Personnellement, c'est cette nocivité perceptible des produits chimiques qui m'ont poussé à faire le pas vers la bio sans l'ombre d'une hésitation, car n'oublions jamais que les premières victimes des traitements sont les agriculteurs eux-mêmes.
Autour des Vignes des Angélys, il y a un éleveur bio, un céréalier bio, et... un viticulteur conventionnel qui possède une parcelle qui jouxte presque une des miennes. Ce dernier a la grande gentillesse de me laisser traiter les premiers rangs de sa vigne à la bouillie bordelaise et au soufre afin de limiter au maximum les contaminations liées aux produits phytosanitaires qu'il utilise. C'est un très beau geste de confiance de sa part, je tiens à le souligner. Voilà une bonne occasion de rappeler qu'entre agriculteurs, la solidarité n'est pas une légende.
Autre phrase couramment entendue:
-"Votre" bio, c'est cher ! Tout le monde ne peut pas se payer ça..."
Oui, les prix des aliments biologiques (locaux ou pas) peuvent nous faire grincer des dents, c'est vrai. La bio a "bon dos", et d'aucuns tentent d'en profiter outrageusement. Il est important de le souligner et de différencier ceux qui surfent sur la vague de ceux qui sont dans une véritable démarche déontologique.
Mais il faut bien faire la différence aussi entre des denrées industrielles produites en masse (exploitation humaine, exploitation des ressources sans limites etc... etc...) et des denrées produites de façon naturelle. Il y a en effet beaucoup plus de contraintes, plus de frais, et une certaine baisse de rendement.
On voudrait que "ça soit bio, que ça soit bon, que ça soit local, et surtout que ça ne soit pas cher".
Et puis quoi encore? 100 balles et un Mars bourré de saloperies chimiques?
Il y a pourtant moyen de s'en tirer à moindre frais à condition de bannir les plats préparés par exemple, et de privilégier le vrac. Encore faut-il trouver le temps de cuisiner. On pourrait presque dire qu'il faut bannir la facilité...
Beaucoup de familles font cet effort, et choisissent de moins dépenser d'argent dans d'autres domaines (vêtements, Smartphones, déco, loisirs etc...), quand d'autres estiment que la "bouffe", ça ne doit pas être cher. Les téléphones, les fringues, le superflu, ça coûte une blinde et c'est normal, mais pas la "bouffe".
"Le billet que l'on a dans son porte monnaie est un bulletin de vote". Une phrase souvent entendue, et qui en dit tellement long.
Donc, non, la bio, ce n'est pas du pipeau, loin de là, surtout pour les agriculteurs qui sont amenés à manipuler des produits de traitements, on ne le répètera jamais assez.
L'agriculture biologique, bien qu'elle ne soit pas parfaite est devenue incontournable, et plus que jamais, il est impératif de la protéger de tous les opportunistes sans scrupules qui tentent de s'en emparer pour seulement l'appât du gain.
Soyons vigilants, car le greenwashing est de plus en plus présent aujourd'hui. On se fout de notre gueule...
La bio n'est plus un délire d'illuminés, mais bel et bien la solution pour l'avenir si on ne veut pas finir de s'empoisonner pour de bon.
2 commentaires
j'ai toujours beaucoup de plaisir à lire vos billets, vos coups de gueule…..d'abord bien écrit….et c'est agréable de lire une prose bien rédigée (pour la forme) et des propos toujours justes et que je partage sur le fond
bon été et bon courage pour les vendanges… je passerai une commande courant octobre ou novembre 2019
amitiés sans oublier vos parents
Frédéric
Et merci pour vos encouragements.
Amitiés.
David