Cuvée THE ENDLESS RIVER (Pink Floyd)
21/04/19 Musique aucun
The Endless River est le dernier vrai-faux album de Pink Floyd paru en 2014, après vingt ans de silence studio. Mouais, enfin, Pink Floyd, si on veut...
Car ici, bien entendu, Roger Waters n'a pas participé à cette mise en brochette des "chutes" de The Division Bell (1994) sur lesquelles il n'avait pas participé de toute façon à l'époque.
Richard Wright, quant à lui, joue bel et bien sur les bandes datant de 1993, mais il est décédé prématurément en 2008.
David Gilmour et Nick Mason agencèrent (habilement) en quatre mouvements les 18 "morceaux - démos" issues de ces sessions en y ajoutant quelques parties additionnelles. L'album est instrumental, à l'exception d'un titre.
Aussi curieux que cela puisse paraître aujourd'hui, "The Division Bell" aurait dû sortir sous la forme d'un double album : Le premier disque étant justement l'album "The Division Bell" tel que nous le connaissons, mais avec surtout un deuxième disque de musique planante instrumentale intitulé provisoirement "The Big Spliff" (Le Gros Joint)...
C'est dans ces séquences plus ou moins improvisées lors des sessions de 1993 que nos deux compères aidés de Phil Manzanera vont puiser, afin de concocter ce qui sera l'ultime témoignage studio de Pink Floyd.
Alors dès les premières notes de Things Left Unsaid, on se laisse embarquer dans une ambiance crépusculaire au son de la voix de Richard Wright, le claviériste du groupe parti sur la rivière infinie un peu trop tôt... Puis s'installe lentement le deuxième morceau It's What We Do, qui ressemble à un mélange de Shine On You Crazy Diamond, Welcome To The Machine, et Marooned avec le son de The Division Bell ! Du réchauffé? Oui, rien de nouveau, mais en tout cas, ça sonne presque comme en 1975, du temps de Wish You Were Here et on ne va pas bouder notre plaisir.
Ainsi, par exemple, Allons-y rappelle très fortement "Run Like Hell" ( The Wall, 1979), tandis que Skin sonne comme une relecture du titre A Saucerful of Secrets (1968).
On retrouve ça et là des bribes de sonores semblant sortir tout droit de l'album More (comme l'intro de Sum, ou encore l'outro de The Lost Art Of Conversation), mais aussi des petits clins d'œil à Set The Controls For The Heart Of The Sun sur Eyes To Pearl...
Et ce n'est pas tout ! Car au fil des morceaux, de courtes séquences viennent subtilement -voire subliminalement- nous replonger dans les ambiances de On The Run, Us And Them, The Great Gig In The Sky (The Dark Side Of The Moon, 1973), comme aussi One Of These Days (Meddle, 1971).
Sauras-tu les découvrir ?! Seule une écoute attentive au casque te permettra de les déceler...
Ces quelques exemples montrent que pour la toute première fois, le Floyd puise dans son propre passé de façon assez outrancière. Ils nous avaient pourtant habitués à concevoir des albums vraiment très différents les uns des autres, sans redite aucune (à condition de faire exception de The Final Cut, mais cet album est un peu particulier, et c'est une toute autre histoire).
Pourtant, les 18 titres s'écoulent de façon tellement naturelle que la méfiance que l'on pouvait éprouver vis-à-vis de ce projet si inattendu, si étonnant, s'évanouit peu à peu. Il eut été dommage que les Pink Floyd écornent leur réputation à ce stade de leur carrière.
Au final, c'est le côté "inachevé" de certaines parties issues de jams sessions qui pourrait gêner quelque peu l'auditeur. À titre d'exemple, certaines guitares branchées en direct sur la console renforcent le caractère "démo" et "work in progress" de certains passages.
Et quand arrive déjà le dernier titre Louder Than Words, le seul qui soit chanté, on prend conscience que c'est l'heure des adieux, car Gilmour et Mason ont annoncé officiellement que c'était la toute dernière fois qu'ils collaboraient ensemble dans un studio. Oui, Pink Floyd, c'est bel et bien fini.
Cet émouvant ultime effort s'apparente au dernier soubresaut du monstre Floyd qui part pour cette rivière infinie, lui aussi. Peut-être est-ce pour cela que les clins d'œil aux albums passés sont si nombreux ? The Endless River est un testament, un dernier râle, qui rappelle que les jeunes et glorieuses heures sont loin, depuis bien longtemps déjà.
Très loin.
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