Cuvée SIMPLE MINDS
En 1977, Johnny And The Self Abusers menés par Jim Kerr, Charlie Burchill, Mike MacNeil et Derek Forbes est un médiocre combo punk écossais qui va rapidement se re-baptiser Simple Minds (en référence à un titre de David Bowie).
"Life In A Day" est leur tout premier album sorti en 1978. Pas inintéressant, sauf que leurs influences sont encore trop évidentes comme par exemple ce "pleasantly disturbed" largement pompé sur "heroïn" de Lou Reed. Quelques petits amuses-gueules sympas tels que "Life In A Day" ou "Chelsea Girl" incitent à découvrir leur deuxième opus, un peu plus expérimental et moins pop: "Real To Real Cacophony". On retiendra de ce dernier "Calling Your Name", "Factory", "Premonition" et "Changeling".
Empires and Dance qui parait en 1980 est pour le moins déroutant: Froid, Fou, expérimental, torturé. Courageux en tout cas pour un troisième album.
Sur "Sons And Fascination / Sister feelings call" sorti encore un an plus tard, le style se fait plus dance, plus accessible, plus "Simple Minds"... L'identité du groupe devient de plus en plus évidente.
Il aura fallu au groupe quatre albums de tâtonnements pour se trouver vraiment une identité, et accoucher de leur premier grand disque en 1982: "New Gold Dream", une référence en terme de new wave. Tous les titres s'écoulent fluidement tant le son, les compos et le style du groupe ne font qu'un. De plus, on remarque l'arrivée du batteur Mel Gaynor...
Cette belle galette contient bon nombre de tubes que le groupe interprète encore aujourd'hui: "Someone, Somewhere in Summertime", "Big Sleep", "Hunter and the hunted", "Promised You A Miracle", "New Gold Dream", etc...
Jim Kerr dira des années plus tard: "C'est avec "New Gold Dream" que Simple Minds est devenu Simple Minds".
Si le chef le dit, c'est sûrement vrai !
A noter qu'en 2012 lors d'une tournée spéciale, Simples Minds rejouera 5 titres de chacun de leurs 5 premiers albums, (de "Life In A Day" à "New Gold Dream"): le 5x5 tour. Une excellente surprise, vraiment.
Boostés par un succès assez soudain, la formation enregistre "Sparkle In The Rain" en 1983, et frappe encore un grand coup, mais sur un style plus énergique, plus pop-rock que new wave, bref, un son déconstipé par rapport à New Gold Dream. Là, ça commence sacrément à en jeter!
A cette époque, Jim Kerr et sa bande ont adopté un look de petits minets bien proprets, et interprètent des titres foutrement efficaces tels que "Waterfront", East At Easter", "Book Of Brilliant Things" pour ne citer que celles-là, mais l'ensemble de l'album est une brillante réussite, et même en cherchant bien, on a du mal à trouver des points faibles. Un album de transition pourtant, de l'aveu même de Jim Kerr.
Et ce n'est pas fini, loin de là... car c'est en 1985 que le groupe va commettre l'irréparable en enregistrant LE TUBE (insupportable) qui va les porter aux nues... Don't You Forget About Me. A noter que ce titre n'a pas été composé par Simple Minds.
Et la consécration se réalisera avec "Once Upon A Time" sorti la même année. On y trouve des incontournables tels que "Ghost Dancing", "Sanctify yourself", "Oh Jungleland", ou le trop entendu "Alive And Kicking" qui nous emportent dans un tourbillon pop rock, tandis que "Come A Long Way", plus méconnu, parachève magnifiquement ce septième opus.
En toute logique, les simples d'esprit partent en tournée, et celle-ci sera immortalisée sur l"immense "Live In The City Of Light", qui aurait pu être parfait si "Don't You" n'avait pas été incluse... Mais le commerce, comprenez-vous...
Ce disque s'écoute comme un tout nouvel album de Simple Minds tant le son y est original, abouti et travaillé: Les claviers aériens de Michael MacNeil et la guitare légèrement saturée et réverbérée de Charlie Burchill y sont pour beaucoup. Le chant de Jim Kerr est survitaminé, la batterie de Mel Gaynor est puissante et la basse de Giblin cimente impeccablement le tout.
L'intérêt de ce live réside dans le fait que les anciens morceaux sont entièrement ré-arrangés. Ainsi, les inséparables "East At Easter" et "Book of Brilliant Things", totalement métamorphosées, sont devenues belles et éthérées. Un violon s'invite sur "Someone Somewhere In Summertime". La chanteuse / choriste Robin Clarke enflamme "Dance to the music", tandis que Burchill agrémente une version revisitée de "Promised You A miracle" d'un solo de guitare au son crunchy et aérien à la fois. Le concert se termine par un "New Gold Dream" magistral, au tempo ralenti. C'est le pied.
LE son Simple Minds est gravé sur CE disque. Et ils sont à ce moment précis au point culminant de leur carrière artistique...
Alors, "Street Fighting Years" qui va faire suite à ce double live fondamental promet d'être un grand album aussi.
Le 11 juin 1988, lors du méga concert donné par divers artistes en l'honneur du 70è anniversaire de Nelson Mandela à Wembley, Simple Minds interprète pour la toute première fois ce qui sera le premier single de Street Fighting Years: "Mandela Day".
Au printemps 1989 parait enfin l'album tant attendu. La surprise est bonne une fois de plus.
Les chansons sont assez complexes, voire longues et avec un son éthéré. Le morceau éponyme "Street Fighting Years" ouvre le bal sur quelques notes de basse fretless (ce qui est totalement inhabituel) qui se fondent sur une suite splendidement ficelée: C'est aérien, c'est frais, ça respire la maturité.
D'autres très beaux titres viennent émailler l'ensemble comme "This Is Your Land" (avec un caméo de Lou Reed), "Belfast Child" (un traditionnel) et "Biko" (une reprise de Peter Gabriel). Les thèmes développés ici sont majoritairement politiques et humanitaires.
A la batterie, on retrouve Mel Gaynor ET Manu Katché ET Stewart Copeland (The Police). Les concerts qui s'ensuivront seront mémorables et auront un grand succès. Hélas, Michael MacNeil, le claviériste magique du groupe décide d'abandonner l'aventure au terme de la tournée...
C'est donc de façon un peu bancale qu'est composé "Real Life" qui échoue dans les bacs en Avril 1991. Et pourtant, l'intro magnifique du single éponyme "Real Life" débouche sur une suite qui ferait presque oublier le départ de MacNeil. Ce disque (au son typique des années 1990-1991) s'écoute très bien de A à Z, avec des bons morceaux comme "See The Lights", "African Skies", "Rivers Of Ice", et une autre intro magique, stratosphérique à souhait: celle de "Banging On The Door".
Real Life contient également les tubes "Let there be love" et "Stand by love".
Tout cela ne suffira pourtant pas à convaincre les foules, et cet album, bien que très agréable, sera malheureusement associé au début du déclin du groupe.
En 1995, "Good News From The Next World" sonne beaucoup plus rock, mais souffre d'une certaine monotonie. Trois très bons titres s'en dégagent: "She's a river", "Hypnothized" et "Criminal World". Le reste est plus dispensable.
Puis, virage à 180° en 1998 avec "Néapolis" (et le retour / re-départ de Derek Forbes) avec un son résolument électro. C'est couillu, mais c'est loupé! Et la descente aux enfers se poursuit avec l'immonde "Neonlights" (album de reprises bâclé).
Même topo en 2002 avec "cry". Un son toujours électro, un album plus inspiré, plus soigné, mais un style tellement éloigné de ce qui a fait la gloire du groupe, que l'album passe inaperçu. Déçus, beaucoup de fans auront tourné le dos à Simple Minds durant cette période d'errance. Il faut dire qu'au départ, "cry" devait être un effort solo de Jim Kerr, mais l'implication de Charlie Burchill fut telle que le disque est finalement sorti sous le nom de Simple Minds...
Pour parachever l'évocation de cette période d'errance, ajoutons qu'en 1999 fut enregistré le terne "Our Secrets Are The Same". Mi-rock, mi-electro, cet album fantôme a été inclus dans le coffret 5cd "Silver Box", paru en 2004. Ce coffret, réservé aux fans acharnés, contient des démos et du live capturé entre 1979 et 1995.
C'est alors dans un climat de méfiance que sort en septembre 2005 "Black And White 05 05 05". La surprise est plutôt bonne, car ce quinzième volet de la saga semble vouloir se rapprocher de "Once Upon A Time", avec ce son pop rock qui sied comme un gant à Simple Minds. Il était temps...
D'emblée, on se délecte de "Stay Visible" qui, même s'il n'est pas sans rappeler quelques glorieux moments du passé, n'en reste pas moins excitant, tout comme "Home" ou "Stranger". Et puis tout au fond il y a une pépite: "Dolphins", d'une durée de 6 minutes, totalement atypique, et totalement réussie...
Le passage à vide semble bel et bien terminé, car voici en 2009 "Graffiti Soul", le meilleur album de Simple Minds depuis 1991. Sa durée est courte (38 minutes), mais il n'y a aucun moment d'ennui et encore moins de faute de goût. On est certes à des brouettes et des wagons du son de "Street Fighting Years" ou de "Live In The City Of Light", mais qu'importe, il y a dans ce disque un son moderne bien particulier et des chansons aux mélodies terriblement efficaces qu'une production intelligente sert magnifiquement bien.
Fort de ce renouveau et de cette fraîcheur retrouvée, le groupe mettra au monde "Big Music" en 2014 et "Walk Between Worlds" en 2018, deux albums d'électro pop en deçà de "Graffiti Soul", avec hélas un petit goût amer de redite, même si l'énergie est toujours belle et bien présente.
Un quadruple album intitulé "Live in the city of angels" (tiens, tiens...) capture 40 titres enregistrés durant la tournée américaine à l'automne 2018. Mel Gaynor y est absent. Il est remplacé par la charmante Cherisse Osei qui offre un jeu de batterie plus simple, à la frappe franche, ronde et moderne. Très convaincant.
Pas de grande surprise à l'écoute de ce live, mais force est de constater l'interprétation est impeccable et que les morceaux sont interprétés avec une fougue surprenante... Ne boudons pas notre plaisir.
Ceci dit, malgré tous leurs efforts, il faut aujourd'hui avouer que Simple Minds ont leur carrière un peu derrière eux, au grand dam de Jim Kerr qui par tous les moyens "veut faire taire ceux qui prétendent que simple Minds est un groupe des années 80".
On pourra certes leur reprocher beaucoup de choses, sauf la volonté de se renouveler à chaque album et d'aller de l'avant, quand beaucoup d'artistes répètent inlassablement des formules éculées et piétinent dans un périmètre artistique étriqué. Mais je ne dirais pas de mal de AC/DC, par exemple, qui justement semblent jouer le même morceau depuis 50 ans.
Après plus de 40 années de carrière faite de hauts et de bas, Jim et sa bande sont toujours bel et bien présents. "Alive and kicking", comme ils disent.
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