Cuvée LED ZEPPELIN

13/05/19 Musique cuvée

Nous laisserons de côté les frasques, les excès, les ignominies et autres comportements scandaleux de Jimmy Page et de ses trois compères frimeurs que sont Robert Plant, John Paul Jones et John Bonham, pour passer en revue les 8 albums d'un des groupes les plus influents de l'histoire du rock: Led Zeppelin.

En octobre 1968 et en seulement 35 heures (une semaine de boulot aujourd'hui, quoi), est enregistré "Led Zeppelin I", un album mêlant influences blues, folk et hard rock.
Le sport favori de Jimmy Page, outre le travail de production inventif dont il fait preuve en studio, c'est le riff. Et c'est précisément sur le riff très bien pensé de "Good times bad times" que s'ouvre cet album, très vite soutenu par le groove légendaire de feu Bonham, avant que Plant ne commence à chanter avec sa voix puissante et aigue. Un morceau de hard rock qui ne reflète pas vraiment ce que l'on va entendre par la suite dans cet opus pour le moins éclectique et contrasté.
Et ceci se confirme dès les premières arpèges de "Babe I'm gonna leave you" jouées à la guitare folk, ou encore avec le blues "You shook me". Mieux encore, on trouvera plus loin un petit instrumental acoustique du nom de "Black mountain side", coincé entre la noirceur du psyché rock "Dazed and confused" et la ballade pop "Your time is gonna come".
En bref, on ne s'ennuie pas.

En 1969 parait "Led Zeppelin II", aussi appelé le "Brown Bomber" par les kids de l'époque. Il fait partie des meilleurs albums de Led Zep.
On remarque que ce disque est calqué sur l'éclectisme de son prédécesseur (Hard rock, pop, blues , folk)... mais en mieux !
"Whole lotta love", le premier morceau, commence par un riff  de guitare terriblement efficace. Plus loin, après un pont de percussions et de trouvailles sonores géniales (pour l'époque), le "question / réponse" entre la section rythmique et la guitare électrique de Page laissera sur le derrière plus d'un guitariste! C'est relativement simple, mais encore fallait-il y penser...
Puis Robert Plant chante à cappella avec un écho inversé (une prouesse en 1969), avant de débiter les pires insanités sur la partie finale du morceau.
Belle entrée en matière.
Changement radical d'ambiance avec les premières notes de "What is and what should never be" où Plant pose son chant réverbéré sur les accords septième de page soutenus par une section rythmique douce et aérienne. Puis vient le refrain (limite hard rock), qui tranche radicalement avec le reste. Un morceau en montagnes russes donc, tout comme peut l'être le génial "Ramble on", ou encore "Thank You", assez folk et très teinté "fin des sixties", avec un orgue hammond au son de cathédrale.
On trouvera aussi le fameux riff de "Heartbraker", un morceau de rock énervé, dans la lignée de "Lemon song" et "Bring it on home".
Enfin, il y a "Moby Dick", le solo de batterie du grand John Bonham. Génial pour certains, chiant pour d'autres...
Quoiqu'il en soit, cet album que tout fan de Led Zeppelin se doit de posséder, restera une référence dans l'histoire du rock pour ses riffs accrocheurs, pour son côté novateur en matière de bidouilles de studio, bref, pour tout ce qu'il a apporté au rock en son temps.
 

En 1970 parait le très attendu "Led Zeppelin III". Et outre le génial "Immigrant song", le très rock "Celebration day", le passable "Out on the tiles" ou encore le blues d'enfer "Since I've been loving you", l'oeuvre est étonnamment émaillée de compositions folk oscillant entre genre oriental ("Friends"), et folklore Irlandais mêlé de country ("Gallows poles", "Tangerine", "That's the way").
Un album de haute volée donc, mais qui décevra en son temps les fans de la première heure habitués à un rock beaucoup plus électrique et musclé.

Après cette parenthèse bien sympathique, les quatre zozos remettent les doigts dans la prise pour nous pondre "Led Zeppelin IV" (1971), leur plus gros carton, un album plus hard, plus électrique, sans pour autant occulter totalement les guitares acoustiques. Sur la pochette, pas de nom de groupe, pas de titre, juste un mystérieux papy avec un fagot sur le dos...
Par souci de simplification, nous laisserons de côté la dimension mystique qui enveloppe cette oeuvre. Trop compliqué.
Disons tout de suite que cet album contient LE titre de référence de Led Zep, à savoir le fameux "Stairway to heaven", une magnifique composition qui débute de manière douce et acoustique pour finir sur un genre carrément hard. Bel exemple de progression de l'acoustique vers l'électrique.
Il s'agit là d'un des plus grands morceaux de rock jamais enregistré. Les thèmes s'enchaînent les uns après les autres de façon très fluide, et le solo de guitare magistral de Jimmy Page fait office de cerise sur le gâteau... Et quel gâteau !
Alors, même si les autres morceaux de l'album n'ont pas la verve de "Stairway to heaven", ils n'en demeurent pas moins géniaux. On ne trouvera donc aucun moment pour souffler dans ce "Led Zeppelin IV", sauf sur le titre acoustique "Going to california", apaisant à souhait.
Pour le reste, c'est du lourd, c'est du balèze, avec des titres comme "Black dog", "Rock and roll", "Four sticks" et "When the levee breaks".
Le son de l'album tranche franchement avec les productions de l'époque, surtout au niveau de la batterie: Page a toujours pensé que sur la plupart des enregistrements de ces années-là (1971-1977), les batteries sonnaient comme des pots de yaourt ! Ce n'est absolument pas le cas ici: on entend même clairement la réverbération naturelle de la pièce.

En 1973 sort "Houses of the holy", un album éclectique, une fois de plus, mais dans lequel il y a à boire et à manger...
On trouvera donc à la queue leu-leu des titres de pop mielleuse d'assez mauvais goût ("Dancing days"), des monuments de rock progressif  ("No Quarter"), du reggae ("D'yer mak'er"), du funk à la James Brown ("The crunge"), du rock, de la folk music, et même... du hard. Bref, un sacré melting pot dans lequel on aurait vite fait de s'égarer.
Le chant de Robert Plant est littéralement insupportable sur certains passages (sur la fin de "The song remains the same" par exemple), et la production quelque peu abusive confère à cet album un son "chargé", manquant de légèreté...
Ceci dit, ne noircissons pas plus le tableau, car  "Houses of the holy" est loin d'être loupé. Il contient entre autre un magnifique morceau acoustique, très "seventies", rêveur, très lumineux: "The rain song". Les parties de guitare en open tuning sont tout simplement éblouissantes, et la mélodie jouée au mellotron par John Paul Jones est belle à pleurer. "The rain song", outre ses paroles un peu mièvres, est étonnante de créativité.
Cette chanson sera transcendée lors d'interprétations live dans les années 70, et mieux encore, sublimée en 1995 lors de la réunion Page / Plant pour la tournée "No Quarter".


La tournée qui s'ensuivra sera immortalisée sur le double live "The song remains the same", qui vaut plus le détour en audio qu'en vidéo, mais qui montre de façon éclatante le talent scénique du groupe, si tant est que l'on en doutait encore.
Les morceaux aux arrangements multiples et complexes dans leur version studio sont ici très intelligemment reconsidérés pour être interprétés par seulement quatre musiciens.
Les versions présentes sur ce disque sont surprenantes car alors extrêmement différentes des originaux, et c'est bien là que réside tout l'intérêt de tels concerts: les versions live SONT vraiment des versions live, et non des pales reproductions de moutures studio avec en arrière plan les clameurs du public...
On en veut pour preuve avec une version héroïque de "Dazed and confused" de près de 27 minutes, avec des versions à rallonge de "Whole lotta love", "No quarter" ou même avec "Stairway to heaven", interprétée à la guitare 12 cordes électrique.
Indispensable.

Et comme tous les groupes légendaires se doivent de réaliser un double album, Led Zeppelin se pliera à la règle en 1974 avec "Physical Graffiti", un fourre-tout en quelque sorte, puisque ce disque est composé de quelques nouveaux morceaux, mais aussi de nombreuses "chutes de studio" datant de la période 1970-1972. Une fois de plus, on trouvera un méli-mélo de genres allant de la musique folk au blues, en passant par la pop, le rock progressif et le rock musclé.
Malgré sa longueur et son hypothétique manque d'homogénéité, on ne s'ennuie pas. On se réjouira de petites pépites telles que "Bron-Yr-Aur", "In my time of dying", "Boogie with Stu", "Trampled underfoot", et surtout le monumental "Kashmir".
A noter que la plus belle de toutes les interprétations live sera enregistrée avec un orchestre marocain en 1995 lors de la réunion Page And Plant.
Tout bonnement orgasmique.
Justice est faite.
A écouter absolument.
Oui, absolument.

Puis, en 1975, des problèmes de vie privée viennent perturber l'enregistrement du septième album du Zeppelin sobrement intitulé "Presence".
Jimmy page se retrouve presque seul à piloter le dirigeable, ce qui explique la multitude de couches de guitares présentes sur les morceaux. Le son est rêche, dur, et uniquement électrique.
"Achilles last stand", la première plage du disque illustre bien la chose: c'est tendu, entêtant, limite torturé. Certains prétendent que c'est le dernier "grand" morceau de Led Zeppelin, quand d'autres, en revanche disent tout bonnement que c'est le genre de musique qui fait du bien quand elle s'arrête.
Des quelconqueries telles que "Royal orleans", "Candy store rock" ou "Hots on for nowhere"  témoignent d'un relatif manque d'inspiration, mais aussi de la hâte et de la pression avec laquelle a été enregistré ce disque.
Heureusement, l'excellent "Nobody's fault but mine" vient redorer le blason.
Mais on retiendra surtout le morceau qui clôt l'album: "Tea for one". En effet, celui-ci se détache nettement de l'ensemble de par son ambiance aérienne due à l'utilisation abondante de réverbe.
Dans cette atmosphère ample, Plant chante avec beaucoup d'émotion, et Page fait littéralement chialer sa guitare lors d'un solo mélancolique très inspiré.
Il était temps ! Sans ces deux morceaux susnommés, "Presence" aurait été bien fadasse...

Le vent serait-il en train de tourner pour Led Zeppelin?
Hélas oui. D'une part, à cette époque, le punk ferait presque passer les dinosaures du rock ( Yes, Pink Floyd, Genesis etc...) pour de vieux ringards, et d'autre part, Robert Plant rencontre de sérieux problèmes d'ordre familiaux.
Dans le même temps Page se vautre dans les drogues.
John Paul Jones va alors s'engouffrer dans la brèche, et va imposer inhabituellement sa présence. Il va également utiliser sans parcimonie des sons de synthétiseurs qui vont très vite très mal vieillir.
Alors, à l'écoute de "In through the outdoor", qui restera leur ultime collaboration, l'auditeur pourra être désagréablement surpris. En clair, on aurait rêvé du même album avec des sonorités plus digestes!
Il y a pourtant de bon moments, mais c'est à nous de les trouver !
Ainsi, par exemple, bien que le début et la fin de "Carouselambra" soient à chier par terre, le thème situé entre 4'06" et 7'05" est très bien pensé.
L'intro de "In the evening" ainsi que le break de page à 4'19 sont plaisants à écouter. Néanmoins, c'est insuffisant.
On écartera définitivement "All my love", indigne de Led Zep, et on picorera donc par-ci par-là quelques rares bons moments.
Quoiqu'il en soit, "In through the outdoor" restera le plus atypique, le plus étrange, le plus improbable album du groupe quoique aussi peut-être le plus raté. Il aura tout de même fait parler de lui, ne serait-ce que parce qu'il restera comme leur toute dernière production en raison de la mort de John Bonham en 1980.

Après quelques retrouvailles éphémères plus ou moins heureuses dans les années 80 et 90, Led Zeppelin se réunit en 2007 avec derrière les fûts Jason Bonham, le fiston de feu John Bonham, pour un seul et unique concert, celui de l'O2 arena de Londres.
Environ 2 000 000 de demandes ont été comptabilisées en très peu de temps. Mais seulement 20 000 chanceux(ceuses) auront été tirés(ées) au sort pour assister à ce moment privilégié. Ce qui fut sans précédent dans l'histoire du rock.
On retrouve donc un groupe aux membres vieillis, mais qui en ont encore sous la semelle, comme le prouve l'excellent DVD "Celebration Day".
Il s'en est failli d'un cheveu pour que Led Zeppelin se reforme pour de bon en 2008-2009, mais finalement, rien ne s'est fait, et c'est peut-être préférable ainsi, la légende aurait pu être entachée.

Et comme le dit si bien Jimmy Page: "Le mieux, c'est de laisser retomber la poussière"...

Sage décision.



 





 




 

2 commentaires

#1 | | Feedback 29 a dit :
Mec, tu oublie de mentionner le live à la bbc sorti en 97, et how the west was won (tournée 1972). Led zep forever.
#2 | | Gouïnsh a dit :
Belle boulette en effet! Incontournables... Et n'oublions pas non plus le DVD sobrement intitulé "Led Zeppelin" sorti en 2003, réunissant des concerts s'étalant entre 1969 et 1979...

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